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Corsets sièges : le changement est en route

En 2014, un groupe de travail composé de professionnels de santé a été formé pour se pencher sur le sujet à la demande des principaux acteurs de ce domaine. Une évaluation de ce dispositif a été faite et publiée par la HAS en fin d’année 2015. Nous allons nous intéresser à ce que cette évaluation va changer dans la pratique.



On ne dit plus Corset siège mais Siège Moulé


Je me suis souvent demandé pourquoi corset siège ? C’est vrai que nous recherchons parfois à corriger une déformation orthopédique mais est-ce le vrai but du corset siège ?

En réalité nous maintenons une personne en position assise et mettons tout en œuvre pour que cette position soit un compromis entre confort et bon maintien postural.

Le terme Corset a une connotation de correction ou de maintien stricte. De plus il nous fait essentiellement penser à un maintien du tronc et non à une position assise correcte. Compte tenu du contexte technique actuellement employé pour réaliser des corsets sièges, le groupe de travail propose de changer le terme « Corsets sièges » par « sièges moulés » qui semble être une formule plus adaptée.

La nouvelle description technique du siège moulé


Le siège moulé est toujours défini comme une orthèse de maintien en position assise. En revanche, nous retrouvons plus de précisions sur la technique et les matériaux utilisés pour le réaliser.

On notera que la simple prise de mesure est exclue car nous recherchons une position et que celle-ci doit faire l’objet d’une recherche approfondie.

Contrairement au corset siège, le siège moulé n’a pas forcément une base rigide et peut être constitué seulement de mousse que l’on peut venir fixer dans un VPH.

De nombreux éléments de posture ou de modularité peuvent venir s’ajouter au siège moulé pour répondre plus facilement aux différentes demandes de positionnement. Par exemple, l’articulation dossier siège, les housses, ou encore des butées pour éviter la rotation pelvienne.

Nous retrouvons également quelques petites spécificités techniques qui ont été précisées.

Le lien entre le fabricant de support et l’orthoprothésiste est mieux défini et les éléments choisis doivent être compatibles pour un meilleur positionnement.

L’adaptation du siège moulé sur le support est de la responsabilité de l’orthoprothésiste.

Le siège moulé ne doit pas uniquement servir pour le transport en véhicule à moteur. Mais peut-il le permettre ? (voir avec l’interprétation du texte)

« Ce système de soutien de corps n’est pas destiné à un usage pour le transport en véhicule à moteur. »

Par ailleurs, j’ai appris qu’une nouvelle nomenclature est en route pour la prise en charge des sièges auto, rendant le siège moulé incompatible avec le transport en véhicule à moteur.

Indication du siège moulé


Les sièges moulés sont indiqués dans :

« Déficience grave de la station assise d’origine neurologique, orthopédique ou congénitale. L’objectif des sièges moulés est la maîtrise des conséquences neuro-orthopédiques complexes. Dans certaines situations nécessitant un maintien complexe, le siège moulé est la seule solution d’appareillage. »

On notera qu’il est bien spécifié que dans des cas de déficience grave, seul le siège moulé est la solution. On ne parle donc pas de siège évolutif ou de siège coque. Il reste à démontrer que le siège moulé est bien la solution. Pour cela, les conditions de prescription doivent être bien encadrées.

Les conditions de prescriptions


Les conditions de prescription sont scrupuleusement définies. Le siège moulé fait partie d’une réflexion globale sur les besoins du patient.

Il a été clairement écrit que les personnes qui sont à l’origine de la prescription ne doivent pas être rattachées à un fabricant, un prestataire ou un distributeur.

Certains orthoprothésistes y voient là une dévalorisation de leur métier mais il s’agit d’éviter des débordements ou des abus. Nous sommes des consultants externes et nous sommes parties prenantes dans la facturation de ce dispositif. Notre rôle est de conseiller, d’informer et de donner notre avis d’expert.

En revanche, les prescriptions doivent être plus précises et détaillées. Il n’est pas facile pour un médecin d’établir une ordonnance conforme à ce que l’orthoprothésiste va réaliser et ce que le conseil médical souhaite voir. Il faudra bien accompagner et guider les médecins dans l’élaboration de la prescription mais sans intervenir sur l’évaluation des besoins. Pas si simple…

La liste des médecins prescripteurs est mieux définie et répond à un vrai besoin, surtout dans le milieu de la gériatrie où il n’est pas facile de trouver un médecin habilité à faire une prescription médicale.

Fréquence de renouvellement


« Sur prescription médicale, la prise en charge de siège moulé est assurée dans la limite d’une attribution tous les ans pour une personne de moins de 18 ans et dans la limite d’une attribution tous les 3 ans pour les personnes de 18 ans et plus. »
« Les mousses et les housses d’assises et de dossiers peuvent être renouvelés tous les ans. »

Le renouvellement et la garantie est conforme à ce qui se pratique habituellement. À noter que les mousses et les housses sont garanties un an est que nous pourrons les renouveler chaque année.

Autre point essentiel, la réparation : il est prévu que toutes les adjonctions seront réparables.

Les adjonctions


Un tableau de toutes les nouvelles adjonctions se trouve sur le nouveau texte édité par la HAS. Ces adjonctions répondent à un véritable besoin du terrain.

Les adaptions sur les corsets sièges sont nombreuses et l’équipe soignante demande toujours des modifications que nous ne pouvons pas facturer à la caisse. Ce nouveau tableau va nous permettre, une fois les tarifs attribués, de pouvoir facturer certaines adaptions que nous faisions gratuitement ou compris dans le prix global du siège.

On note également qu’il n’y aura plus d’incompatibilité entre les adjonctions ex : tablette / accoudoirs ou épaisseur de mousse / gel …

Conclusion


Compte tenu de l’absence de données de littérature exploitables dans ce domaine, l’évaluation s’est essentiellement appuyée sur l’expertise d’un groupe de travail multidisciplinaire, ainsi que sur les données techniques fournies par les orthoprothésistes (UFOP).

Il était nécessaire de faire une véritable évaluation de ce dispositif. Jusqu’à présent, il y avait un manque avéré d’encadrement et il n’était pas facile de répondre à la demande des familles et des équipes soignantes. Grâce à ce texte l’indication du siège moulé est mieux définie et les spécificités techniques nous permettent de mieux répondre aux besoins du patient.

Ce travail est directement mis en relation avec une autre évaluation concernant l’évolution de la nomenclature pour les fauteuils roulants où il y a un nouvel arrivé, le siège de série modulable et évolutif venant compléter les poussettes modulables. Son indication est la suivante :

« La prise en charge des sièges modulaires est assurée pour les personnes ayant une déficience grave de la station assise d’origine neurologique, orthopédique ou congénitale, lorsque la croissance ou l’évolution neuro-orthopédique de la pathologie le justifie. »

L’arrivée des sièges modulables est plutôt une bonne chose pour les parents d’enfants avec une pathologie évolutive. Ils permettent aussi de faire une meilleure recherche de positionnement dans certains cas et nous pourrons également combiner la partie évolutive et la mousse sur mesure pour le bien-être des patients. L’arrivée de revendeurs de matériel médical est peut-être à craindre mais c’est aux orthoprothésistes de montrer leur savoir-faire en matière de positionnement pour faire la différence. La nouvelle nomenclature nous permet de faire plus de choses.

Maintenant, nous allons attendre la nouvelle nomenclature et tarification pour voir vraiment ce que cela va changer.

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